Nous avons proposé à Léa Chapuis, freerideuse professionnelle et étudiante en Master marketing , de répondre à nos questions concernant ce double projet de vie qu’elle a choisi de mener. Le sport et les études, un parcours qui semble risqué mais qui pourtant lui est source d’un grand épanouissement personnel aujourd’hui. Son secret de la réussite ? Il tient en deux mots : oser et entreprendre !
FDS : Pourrais-tu te présenter en quelques lignes ?
Léa Chapuis : Je m’appelle Léa, j’ai 24 ans et pour résumer qui je suis, je dirais que j’entreprends. Je suis skieuse (auparavant skieuse alpine en Équipe de France et désormais freerideuse) et étudiante. J’étudie à Sciences Po Paris en master marketing et je skie à la fois en tant que monitrice de ski mais aussi en tant que compétitrice. Je réalise également quelques missions en freelance dans le monde du marketing digital. Souvent, je mène plusieurs projets de front et c’est cette diversité qui me permet de tout accomplir.
« Certains disent qu’il vaut mieux faire une seule chose à la fois, mais me concernant c’est en m’inspirant de chacune de mes expériences que j’arrive à enrichir les autres et à atteindre mes objectifs petit à petit. »
Donc pour résumer, je suis une passionnée de ski et d’entrepreneuriat qui s’amuse à relever des défis qui prennent la forme de projets stimulants.
FDS : Quand et comment as-tu commencé le ski ? ⛷
Léa Chapuis : J’ai commencé lorsque j’avais deux ans, avec mes parents. Mon père est moniteur de ski et ma mère bonne skieuse. J’ai eu la chance d’avoir commencé avec eux et d’avoir continué sur cette lancée avec le Club des Sports de Tignes qui m’a accueillie dès mes 7 ans.
FDS : Quel est ton parcours sportif, peux-tu nous présenter ton palmarès ? 🏆
Léa Chapuis : On peut dire que le ski est devenu un sport “sérieux” quand je suis rentrée au collège puisque j’ai intégré une classe spécifique (ski-études) qui me permettait de faire davantage de ski et de sport que dans d’autres classes. J’ai intégré un pôle espoir en seconde puis un pôle France à partir de la première. Il s’agit d’un lycée spécialisé qui permet aux élèves-sportifs d’avoir cours l’été et d’être libérés l’hiver pour skier.
L’année de ma première, je suis rentrée dans “la cour des grands” comme on dit. C’est-à-dire que j’avais l’âge minimal pour faire des compétitions avec le plus haut niveau mondial. J’ai très vite perfé car je suis devenue championne de France des moins de 18 ans et 4 ème des moins de 21 ans en slalom et en géant lorsque j’avais 16 ans. Cela m’a permis d’intégrer l’Équipe de France. Progressivement j’ai fait mes premiers top 15 en coupe d’Europe et j’ai participé à plusieurs compétitions internationales comme les Jeux Olympiques de la Jeunesse Européenne.
FDS : Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur tes études ? Comment as-tu fait pour gérer ta vie de sportive de haut niveau et ta vie d’étudiante en même temps ? 📚
Léa Chapuis : Après l’obtention de mon bac en 2016, j’ai souhaité poursuivre mes études. J’ai été admise à Sciences Po Paris qui propose un cursus très bien aménagé pour les sportifs de haut niveau. Ce double projet m’a permis de skier avec moins de pression en Équipe de France en sachant que le ski n’était pas la seule garantie d’un avenir serein. J’ai surtout été très enrichie des rencontres que j’y ai faites ; certains élèves sont devenus de très bons amis que je n’aurais jamais rencontrés si je ne m’étais pas ouverte à un autre cercle que celui du ski alpin.
Gérer le double projet a été facile pour moi dans la mesure où j’ai toujours aimé étudier. Au lieu de rester focus sur une compétition ratée ou un stage trop fatiguant mentalement, je passais à autre chose le temps d’une après-midi. Et cela me permettait de changer d’ambiance. A l’arrêt de ma carrière en alpin il y a deux ans, j’ai intégré le master Marketing de Sciences Po.
FDS : En quoi consiste ton entraînement quotidien ? 🏋️♂️
Léa Chapuis : J’ai récemment décidé de débuter une nouvelle carrière sportive en ski freeride. Il s’agit d’un sport qui ne fait pas partie de la fédération française de ski. Il n’y a donc pas d’Équipe de France et le système de qualification est bien différent lui aussi. C’est notamment pour cette raison que j’ai voulu tenter l’expérience. Car j’avais été un peu limitée par un système fédéral trop coercitif en alpin qui m’avait laissée sur ma faim après ma carrière. Mon entraînement consiste donc à gérer seule mes séances de préparation physique et technique ainsi qu’à m’entourer des bonnes personnes pour la préparation mentale (selon mon ressenti uniquement).
« Je fais confiance à mes intuitions et pour le moment cela m’a permis de passer des caps que je n’aurais jamais pensé pouvoir passer avant. »
FDS : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans cette discipline ?
Léa Chapuis : La liberté, tant dans l’épreuve en tant que telle que dans le système qui gravite autour. Le mood freeride est bien plus intuitif que dans n’importe quel autre sport auquel j’ai pu goûter. Chaque rider est libre de choisir par où il passe, de choisir son style et les figures qu’il souhaite réaliser. Même si c’est un sport de jugement, j’ai l’impression que chacun ride pour lui-même uniquement, sans trop se soucier des autres. En tous cas, c’est comme cela que j’aborde cette nouvelle expérience. C’est cette liberté qui me procure autant de plaisir à la vivre.
FDS : Quel est ton meilleur souvenir sportif ?
Léa Chapuis : Même s’il est associé à mon ancienne carrière, puisque je n’ai pas encore fait ma première compétition en freeride… Mon meilleur souvenir se situe pendant les Championnats du Monde Universitaires à Krasnoyarsk en Russie. J’avais l’impression d’être aux J.O tellement l’ambiance était folle. Il y avait de la pression pour les compétitions mais je retiens surtout les moments de partage. Les fous rires et les moments de célébration entre amis sportifs. Je suis très heureuse d’avoir pu terminer ma carrière là-dessus.
FDS : As-tu d’autres passions ?
Léa Chapuis : Les études en général, plus particulièrement le monde du marketing, de l’entreprise et de la communication. Si je devais arrêter le ski, je me verrais bien directrice marketing d’un grande groupe spécialisé dans le sport à la montagne. Cela regrouperait toutes mes passions en un seul job.
FDS : Quels sont tes prochains objectifs sportifs à atteindre ? 💪
Léa Chapuis : Réaliser mon meilleur ski sur les premières compétitions de la saison. Et tenter de trouver encore plus de plaisir que je n’en n’ai déja mais cette fois-ci dans un contexte compétitif. Je ne me fixe jamais d’objectif chiffré car j’estime que le résultat n’est qu’une conséquence d’une intention. Si l’intention est mise au bon moment et à 100%, le résultat sera le meilleur possible.
FDS : Des conseils aux femmes qui aimeraient se lancer dans les sports de haut niveau tout en continuant leurs études ? 🎓
Léa Chapuis : Plusieurs écoles proposent des programmes aménagés pour les sportives et sportifs. Certains entraîneurs sont réticents à l’idée que leur athlète consacre une partie de son temps libre à autre chose qu’à son sport. Mais d’autres sont très investis dans ce double projet et c’est vers ces personnes qu’il faut se tourner. On trouve de tout dans le monde du sport. Mais, aussi cliché que ça puisse paraître, tout est possible, pourvu que la motivation soit là. Je suis l’exemple parfait de la sportive qui adore étudier et qui a eu raison de le faire malgré la réticence de certains entraîneurs. Mais je connais aussi beaucoup de sportifs et sportives qui ont continué leurs études par effet d’imitation alors qu’ils n’en n’avaient pas envie.
« Je pense que le meilleur conseil que je pourrais donner et qui a marché pour moi, c’est de faire confiance à son intuition. Si on est convaincu qu’une chose est bonne pour nous, on tendra forcément davantage vers de la réussite que si on la fait sans conviction profonde.«
FDS : Le mot de la fin ?
Léa Chapuis : J’aime oser et entreprendre et je n’ai jamais été autant heureuse que depuis que ces deux verbes font partie de ma routine. A force d’oser, certaines actions qui auparavant m’intimidaient (dans le sport comme dans la vie) sont devenues des automatismes. Je considère qu’être une femme sportive et étudiante en France est une chance car les opportunités sont multiples si on va les chercher. Tout n’est pas servi sur un plateau d’argent c’est clair, mais l’audace provoque souvent de belles rencontres.
Merci Léa de nous avoir partagé ton histoire qui je l’espère pourra en inspirer plus d’un ! 😌
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