Dans le cadre d’une interview exclusive, nous avons eu la chance de rencontrer deux des fondatrices du projet “ADN SKIS”. Ces jeunes femmes se sont lancées dans le projet de créer des skis totalement recyclables et réutilisables. Elles nous racontent leur projet ainsi que la fondation d’ADN SKIS ! ⛷️
Présentez-vous en quelques mots et expliquez-nous votre carrière.
Héloïse Delbos : Je m’appelle Héloïse Delbos, j’ai un double parcours en design industriel produit (Strate à Paris) et en parallèle un double diplôme à GEM où j’ai rencontré Camille. J’ai fait un parcours design dans plusieurs maisons de luxe. Hermès est la dernière dans laquelle j’ai travaillé. Là j’ai commencé un job en tant que consultante design et innovation dans un cabinet de conseil qui s’appelle Bartle.
Camille Lambert : Je m’appelle Camille, j’ai 27 ans, je suis originaire de Haute-Savoie. J’ai fait un cursus en école de management à Grenoble en spécialisation commerce international. J’ai lancé le projet il y a 4 ans, pendant mes études. Je travaille désormais chez HP en parallèle du projet. J’ai rencontré Héloïse à l’école et elle fait partie d4ADN SKIS depuis plus de deux ans maintenant.
Héloïse Delbos : Il y a aussi Pauline Dutel qui a fait, à quelques détails près, le même parcours que moi mais dans une autre filière. Elle travaille plus sur le service. Elle est aujourd’hui designer chez Possible Futur.
Camille Lambert : Nous sommes les 3 femmes d’ADN SKIS et en majorité parce qu’il n’y a qu’un homme dans le projet, Aurèle, notre expert IT.
En quoi consiste ADN SKIS ?
Camille Lambert : C’est un projet lancé suite à plusieurs constats. Tout d’abord le fait qu’il y avait énormément de déchets liés aux skis usagés. À la suite de la lecture d’une étude recensant l’impact de ce matériel, j’ai décidé de monter le projet visant à contrer le problème de recyclabilité du ski.
Nous sommes tous passionnés par le ski et le sport en général. Je voulais créer un ski qui respecte autant mes valeurs environnementales que ma passion pour le ski. Nous avons donc décidé de créer un ski 100% recyclable pour lutter contre le flux de déchets lié à la dégradation des skis usagés. Cela représente environ 1500 tonnes de déchets par an qui sont enfouis sous terre. Le ski traditionnel n’est pas recyclable car c’est un matériau composite, il est composé de plusieurs matières différentes qui sont assemblées entre elles avec une colle nommée époxy. Colle qui est impossible de faire fondre. Comme les matériaux sont différents, il est impossible de les recycler s’ils sont encore assemblés. Donc quand le ski n’est plus utilisable, il est broyé, enfoui sous terre ou part en combustion. Le but est de créer un ski dont les matériaux peuvent se dissocier pour les réutiliser et les réemployer dans la chaîne de production.
Pour l’instant, nous sommes encore en phase de test. Le projet est en train d’être finalisé. Nous espérons pouvoir lancer la commercialisation à l’hiver 2023-2024. C’est encore difficile de mettre une date car il peut toujours y avoir des imprévus.
Les skis seront disponibles dans plusieurs endroits : les magasins de location, des ventes en ligne, des magasins spécialisés. Le but est de trouver des partenaires qui ont les mêmes valeurs que nous.
Qu’est-ce qui différencient vos skis des autres ?
Héloïse Delbos : C’est un peu confidentiel. Nous avons trouvé une technologie qui permet de désolidariser les matériaux en fin de vie du ski. Pour récupérer chaque matériau, les réutiliser et avoir un résultat quasi similaire à l’état initial.
En quoi consistait la journée test que vous avez réalisé il y a quelques semaines ?
Héloïse Delbos : Nous avons fait 4 journées “test”. Une à Courchevel, deux à Val d’Isère et une aux Gets. Le but était de présenter le projet aux habitants de la station et aux personnes qui venaient skier. Nous avons permis aux gens de tester le ski et avons récolté les différents retours sur les qualités de glisse, le poids, les sensations et les différences avec un ski traditionnel. Les retours ont été très positifs. Il y a trois skis : un ski alpin, un ski freeride et un polyvalent. Les gens sont très contents des skis et surtout du ski alpin notamment grâce à la qualité de la neige à ce moment-là.
Quels sont vos futurs objectifs et projets pour ADN SKIS ?
Camille Lambert : L’objectif principal est d’avoir un impact positif sur l’environnement. Nous aimerions réaliser une analyse du processus de vie de nos skis afin de pouvoir calculer son impact réel.
Le but est d’étoffer notre gamme, étendre à d’autres sports comme le snowboard. Nous voulons nous faire une place dans le milieu afin d’éduquer un maximum de personnes face à la crise climatique.
Héloïse Delbos : Le ski est recyclable. Nous voulons mettre en place ce qui est nécessaire pour suivre la vie complète du ski. En plus, nous voulons établir un contrôle permanent des skis afin que certains ne “se perdent pas” dans la nature et finissent par être aussi des déchets alors qu’ils peuvent être recyclés.
Selon vous, quelle est la place de la femme dans le ski ?
Camille Lambert : Je ne me suis jamais considérée comme féministe mais plutôt comme humaniste. Je ne me suis jamais demandée si j’allais y arriver parce que je suis une femme. Je n’ai jamais ressenti de discrimination avec les fournisseurs ou autres. Mais je comprends les différents débats liés au féminisme.
Héloïse Delbos : Je pense que Camille ne s’est jamais rendu compte à quel point elle est étonnante pour les gens. C’est quelqu’un qui a beaucoup de charisme. Elle porte beaucoup le projet car elle l’a fondé. Les gens sont étonnés parce qu’au début ils voient que c’est une femme puis finissent par oublier cela car Camille apporte énormément de crédibilité au projet par ce qu’elle sait faire et ce qu’elle dit.
Pour moi, cela a toujours été une grande question. Je fais du rugby à côté donc j’ai conscience de ce débat sur la légitimité à faire un sport qui n’est, soi-disant, pas pour nous. Même si cela se ressent beaucoup moins dans le ski que dans des sports comme le rugby par exemple.
Dans le projet ADN skis, je n’ai jamais ressenti de gêne ou de différence parce que je suis une femme. Ce sont les convictions et le fait que nous sommes des personnalités fortes et franches qui font que la différence est gommée. C’est la non-confiance en soi qui fait que parfois nous pouvons voir une différence entre les hommes et les femmes. Une femme qui n’a peur de rien ne ressentira pas de discrimination.
Que souhaitez-vous dire à toutes les jeunes femmes qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat ?
Héloïse Delbos : Il y a des avantages à être une femme. Il faut savoir s’adapter et être versatile. Une femme peut avoir plus de facilité en communication. Elle doit prendre l’aide que les gens apportent. Il ne faut pas se reposer dessus mais il faut saisir cette aide. En plus, il est important d’être force de conviction et de croire en ce que nous faisons. La peur va disparaître par l’expérience. L’important est d’essayer et de faire des tests, de ne jamais lâcher.
Il ne faut pas oublier qu’il y a plein d’aides. Beaucoup de choses sont mises en place pour aider les femmes qui se lancent dans l’entreprenariat. Les institutions veulent que les femmes entreprennent de nouvelles choses et apportent l’aide nécessaire.
Camille Lambert : Si nous montrons que nous avons peur, les gens vont le voir. Il faut y aller à fond sans se poser de question. Nous ne savons pas de quoi demain est fait. N’hésitez pas à vous lancer. Soyez ambitieuses et persévérantes. Ce qui compte, ce sont vos rêves et vos croyances. ⛷️
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