Femmedesport a eu la chance de rencontrer Sophie Lavaud, alpiniste et himalayiste suisse.
Il faut y aller étape par étape, et ça ne va peut-être pas marcher à chaque fois, mais voilà, il faut oser, il faut y aller !
Femme de sport : Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Sophie Lavaud : Sophie Lavaud, alpiniste et plus particulièrement himalayiste et conférencière. J’ai la particularité d’avoir réussi le challenge qu’on appelle le « grand chelem himalayen », c’est-à-dire gravir les 14 sommets de plus de 8000 mètres de la planète.
Femme de sport : Pouvez-vous nous parler de votre record ? Vous êtes en effet la première Française et Canadienne à avoir gravi les 14 sommets de plus de 8000 mètres au monde !
Sophie Lavaud : Je suis en fait le 1ere Française, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’homme avant moi qui a réussi ce challenge, tout comme au Canada. En revanche, je suis la première Suissesse puisque j’ai trois passeports. Pour la Suisse, en effet, en 1995, Erhard Loretan était devenu le troisième alpiniste à avoir gravi les 14 sommets de 8000 mètres de la planète, après Reinhold Messner et Jerzy Kukuczka. Aujourd’hui, seule une quarantaine de personnes au monde ont réussi ce challenge, donc autant dire que nous ne sommes pas nombreux à gravir ces grands sommets.
Femme de sport : D’où vous est venue votre passion pour l’alpinisme ?
Sophie Lavaud : Ahhh, c’est une longue histoire, enfant, nous avions un appartement dans la vallée de Chamonix, j’ai donc été proche des montagnes très jeune avec du ski et des randonnées. Nos parents avec mon frère nous emmenaient régulièrement en montagne, mais il n’y a pas d’alpiniste dans la famille. C’est donc plus tard, grâce à des amis que j’ai goûté à l’alpinisme. Après le Mont Blanc, point culminant des Alpes, j’ai commencé à voyager et j’ai aimé aller toujours un peu plus loin et surtout un peu plus haut… jusqu’à atteindre la barre des 8000 mètres.
Femme de sport : Comment êtes-vous perçue en tant que femme dans un univers qui est très masculin ?
Sophie Lavaud : L’himalayisme n’est pas vraiment un monde de compétition, c’est plus un monde d’entre-aide. Même si il y a peu de femmes, nous sommes très respectées sur les camps de base. Ce sont des ententes cordiales, même dans des pays comme le Pakistan qui peuvent être parfois un peu délicats. Ces dernières années de plus en plus de femmes s’intéressent à ce milieu et arrivent sur les camps de base ce qui est une très bonne chose.
Femme de sport : Quel est votre meilleur souvenir lié à cette discipline ?
Sophie Lavaud : J’en ai plein, ahaha, c’est ça, le fait d’avoir une passion finalement. Chaque ascension, chaque expédition est unique et les souvenirs nombreux et intenses. Pour n’en citer qu’un, l’Everest, 8850 m : avoir les deux pieds sur le point culminant de la planète procure une émotion particulière et inoubliable.
Femme de sport : Les sensations que vous devez éprouver en arrivant en haut d’un sommet doivent être folles. Pouvez-vous nous en parler ?
Sophie Lavaud : Il ne faut pas se tromper, le sommet de la montagne n’est que la moitié du chemin, car il faut redescendre, donc même si on peut savourer le fait d’être au sommet, il faut garder de l’énergie et il faut vraiment se préoccuper de la descente. C’est pour ça qu’on reste toujours très peu de temps au sommet. Donc, évidemment, il y a l’émotion de réussir, mais la réussite, elle est intégrale quand on atteint le camp de base et qu’on est en sécurité en bas de la montagne.
Femme de sport : Quels conseils donneriez-vous à une femme souhaitant se lancer dans l’alpinisme et l’ascension d’un sommet ?
Sophie Lavaud : Alors l’alpinisme, c’est vaste. Si quelqu’un veut se lancer en Himalaya sur des sommets de haute altitude, il faut justement commencer plus modestement, par exemple en grimpant un 4000 dans les Alpes, puis un 5000. Il faut y aller par étapes, pas à pas, sommet après sommet, et parfois il faudra renoncer mais surtout il faut oser, il faut y aller !
Avez-vous des modèles dans ce sport ou dans la vie en général ?
Sophie Lavaud : Ah oui, il y a beaucoup de femmes qui m’ont inspirées, je peux citer notamment Nives Meroï, une italienne qui a réussi le challenge des quatorze 8000, sans oxygène, avec son mari, c’est une très belle histoire. Ce n’est pas nécessairement que de la performance mais plus les histoires de vies qui m’intéressent et m’inspirent. J’ai eu la chance de croiser Nives sur les camps de base, c’est toujours passionnant de rencontrer des belles personnes comme ça !
Femme de sport : Vous sortez un livre nommé « Les quatorze 8000 de Sophie Lavaud » sur votre expérience de ces fameux 14 sommets. Pouvez-vous nous en parler ?
Sophie Lavaud : Ce livre est co-écrit avec François Damilano, qui est également cinéaste et guide de haute montagne. François a réalisé le film « Sophie Lavaud – Le dernier Sommet » qui a été tourné sur les pentes du Nanga Parbat lors de ma toute dernière expédition en juin 2023 et le film est aujourd’hui diffusé sur Canal+. Quant au livre, il sort aux éditions de Glénat le 11 septembre. Cet ouvrage, que j’attends avec impatience va clore ce grand chapitre de vie qui a duré 11 années. Le livre est construit en 14 chapitres, 14 montagnes à plus de 8000 mètres richement illustrées, 14 thématiques liées à l’himalayisme contemporain. J’ai hâte de le tenir dans mes mains.
Femme de sport : Le mot de la fin ?
Sophie Lavaud : En complément de ce livre, il y a le film qui est sorti au mois de mai qui s’appelle ‘Le dernier sommet’ qui est réalisé aussi par François Danilalo et qui est lisible sur Canal+. C’est donc une jolie façon de terminer ce chapitre ! C’est vrai que c’est un long projet, c’est 11 ans de ma vie.
Quand on a un projet, une passion, ou quelque chose à réaliser, il ne faut pas le garder dans sa tête comme rêve, il faut vraiment se donner les moyens. Ce n’est pas toujours facile, mais quand ça fonctionne, ça procure vraiment beaucoup de satisfaction.
Merci à Sophie Lavaud pour cette rencontre inspirante. Nous vous souhaitons le meilleur pour la sortie de votre livre ! Et si vous souhaitez suivre son incroyable aventure, n’hésitez pas à la suivre sur ses réseaux !
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