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Interview avec Flora Artzner, championne du monde de wingfoil et ingénieure en environnement

Est-ce que tu peux te présenter pour commencer ?

Flora Artzner : Je m’appelle Flora Artzner. Je suis sportive de haut niveau en wingfoil et je suis aussi ingénieure en environnement.

Ça consiste en quoi exactement le wingfoil ? C’est un sport assez récent.

Flora Artzner : C’est un sport à la croisée entre la planche à voile et le kite surf. Il se compose d’une aile gonflable légère que l’on tient entre les mains. On a une planche sous les pieds. La particularité du wingfoil, c’est le foil. C’est une sorte de gros aileron qui est sous la planche. Quand on fait du wingfoil on utilise la force du vent ou de la houle pour générer une certaine vitesse. On peut à la fois aller vite, se promener, sauter, surfer sur les vagues. C’est très fun ! C’est assez addictif comme sport. 


Qu’est-ce qui t’a amené vers ce sport ?

Flora Artzner : J’ai commencé la planche à voile quand j’étais jeune. Le wingfoil n’existait pas à ce moment-là. J’ai la chance d’habiter dans le Var au bord de la mer. C’est mon papa qui faisait de la planche à voile et qui m’a initiée. Ensuite, j’ai fait mes études et j’ai complètement arrêté la planche à voile. Je m’y suis remis quand je suis rentrée en France à la sortie du Covid. À ce moment là, je voulais vraiment progresser en planche à voile de vagues. Je ne voulais pas entendre parler du wingfoil. Et puis un jour j’ai essayé. Je ne pensais pas que ce serait aussi incroyable ! Depuis ce jour-là, je n’ai plus arrêté.

À ce moment-là, tu travaillais encore ?

Flora Artzner : À ce moment-là, j’étais consultante spécialisée sur la préservation du milieu marin. Je pouvais aménager mon temps. Je me libérais quand il y avait du vent et je rattrapais ensuite le travail le soir. Parfois, je terminais à minuit ! C’était intense. Après j’ai décidé d’organiser un gros événement de wingfoil, la Roca Cup. Mais aussi de créer une association qui lie sport, environnement et inclusion. À ce moment-là, c’est devenu trop et j’ai décidé de mettre en pause mon métier de consultante pour me consacrer au wingfoil.

Quels titres en compétition as-tu remportés ?

Flora Artzner : Le plus emblématique, c’est le titre de championne du monde en slalom en 2022. Il fallait faire cinq étapes de coupe du monde pour avoir assez de points. J’en ai gagné quatre sur cinq. J’ai aussi participé au championnat d’Europe à Brest que j’ai gagné en 2023. J’ai aussi remporté d’autres grosses compétitions comme le défi wing en 2022 et 2023 et le défi super star cette année qui réunissent les meilleurs mondiaux. 


Quels sont tes projets pour l’avenir ?


Flora Artzner : Aujourd’hui, j’ai envie d’utiliser la médiatisation autour du sport et des sportifs pour parler d’environnement . Je me suis rendu compte que dans la société actuelle on a plus de voix en tant que sportive de niveau qu’en tant qu’ingénieure dans le milieu scientifique. Par contre, j’ai été confrontée dans le haut-niveau à une dissonance cognitive. C’est-à-dire à des contradictions entre mes valeurs et la vie que je dois mener pour aller chercher un titre de championne du monde. Hors si je veux faire des étapes de coupe du monde, je suis tout le temps dans l’avion qui est le moyen de transport le plus polluant. Malheureusement la pureté écologique n’existe pas dans notre monde imparfait !  Et faire des podiums m’a permis d’avoir de la visibilité pour faire passer des messages. Depuis l’année dernière j’ai décidé de renoncer à aller chercher un autre titre, ce qui me demande du courage. Car je fais toujours des super résultats en race ! Aujourd’hui, je cherche des sponsors pour m’aider dans mes nouveaux projets qui lient sport et environnement. 

Je reste motivée pour participer à des compétitions en local pour avoir un mode de vie plus en accord avec mes valeurs. Et surtout de mettre en place d’autres choses comme des éco-aventures. J’ai envie de montrer qu’il n’y a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour vivre des aventures fortes. Surtout qu’on a la chance ici en France et en Europe d’avoir des conditions incroyables. Ça sera à suivre sur mes réseaux cette année 😉. 

J’ai aussi envie de me rendre disponible pour valoriser les actions environnementales des associations locales. J’interviens auprès des scolaires pour faire de la sensibilisation. Cela me donne un équilibre de vie et donne du sens à ce que je fais.

En dehors de l’écologie, il y a-t-il d’autres combats qui t’occupent pour le moment ?


Flora Artzner : Je me questionne aussi souvent sur les privilèges qu’on a en tant que sportif de niveau. Il y a plein de sports comme le wingfoil auxquels on ne peut accéder que quand on a un certain niveau de vie. Le passeport français permet de voyager pour faire des compétitions partout. Mais ce n’est pas le cas des passeports de tous dans tous les pays. J’ai conscience qu’être championne du monde ne veux pas dire être la meilleure dans le monde cette année-là. Mais plutôt la meilleure parmi les personnes qui ont la possibilité, la chance, le privilège de pouvoir accéder à ce sport. 😊

J’ai également découvert les inégalités hommes-femmes dans ce sport. Quand j’ai commencé, on gagnait 20% de ce que gagnaient les hommes à podium équivalent. Cela a changé avec beaucoup d’efforts. Ce fut d’ailleurs un volet important de de la première Roca Cup. On a fait beaucoup de lobbying là-dessus et cela a fonctionné. Aujourd’hui, j’espère vraiment que ça va continuer dans ce sens-là. Mais honnêtement, ce n’est pas facile, je me suis prise des remarques très dures en me positionnant pour que les premières femmes gagnent un prix équivalent aux premiers hommes. Ça vient souvent d’un manque de dialogue et de compréhension. Je trouve ça fou qu’on en soit encore là en 2024 sur ce sujet.  

Enfin la sexualisation du corps des femmes dans le sport est une réalité. Dans le cadre du sponsoring des marques, il y a une injonction à mettre davantage en avant notre beauté plutôt que notre force et leur performance aujourd’hui. Cela attire davantage l’attention sur les réseaux. Une fille qui ne montre pas son corps aura souvent plus de difficultés car moins de followers et donc moins de soutien financier et médiatique. Le sport est un miroir de notre société. Il y a pas mal de codes à déconstruire pour plus d’ouverture et de respect de la diversité des athlètes.  

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