Aujourd’hui vous allez faire la connaissance de Cléo Henin, une jeune femme pleine de peps et de ressources que nous avons eu la chance de rencontrer en visio la semaine passée. Elle nous raconte son parcours de reconversion et son projet de podcast sur la thématique du sport féminin qui a changé sa vie : Championnes du Monde.
FDS : Pourrais-tu te présenter en quelques lignes ?
Cléo Hénin: Je m’appelle Cléo Hénin, j’ai 30 ans, je viens initialement du milieu de la communication et de l’événementiel. C’est mon premier métier. Mais j’ai quand même toujours été dans une famille de sportifs et sportives. Cet ADN sport je l’ai depuis que je suis toute petite !
« À 3 ans on m’a mis à la baby gym donc je pense qu’on ne peut pas faire du sport plus tôt ! »
J’ai toujours baigné dedans : mon papa est professeur d’EPS, ma maman aussi, ma sœur est ancienne sportive de haut niveau, ma nièce aussi,… J’ai vraiment pour le coup une grosse famille de sportifs.
Initialement, j’ai décidé par esprit de contradiction d’aller dans un domaine un peu différent (la communication et la culture). Et finalement au fur et à mesure de mes expériences professionnelles je me suis rendue compte que mon cœur allait vraiment vers le domaine du sport !
Et donc il y a 3 ans j’ai quitté mon travail. J’ai quitté l’agence dans laquelle je bossais et je me suis lancée dans cette merveilleuse aventure qu’est le podcast. J’ai lancé Championnes du monde !
« Il y a 3 ans tout pile, quasiment jour pour jour que le 1er épisode est sorti. »
Il s’agit d’un podcast qui aborde les thématiques en lien avec les femmes et le sport de manière assez globale. On va s’intéresser à des sportives professionnelles mais également à des femmes qui évoluent dans le sport, qui sont fortement invisibilisées.
Cela peut être des médecins du sport, des nutritionnistes, des coachs sportifs, des arbitres,etc. Mais toujours des femmes. L’idée est de pouvoir montrer qu’il y a tout de même des femmes qui arrivent à ces postes-là, à des postes à haute responsabilité, que c’est possible !
C’est important de leur donner la parole pour se rendre compte qu’elles existent et que c’est possible de faire de même.
« Notre grande mission dans un monde idéal serait de pouvoir inspirer des jeunes femmes à faire de même dans le futur. »
FDS : En quoi consiste “Championnes du monde” et comment as-tu eu l’idée de ce concept ?
Cléo Hénin: Cela faisait longtemps que j’avais pu observer, dans mon milieu familial, toutes les problématiques que pouvaient avoir les femmes qui évoluent dans le milieu du sport. Ma maman qui était professeur d’EPS : on se dit que dans l’éducation institutionnelle ça doit aller alors que pas du tout. Elle a été confrontée à du sexisme, des collègues qui la traitaient affreusement mal… Elle se faisait traiter plus bas que terre, juste parce que c’était un femme. Il n’y avait pas d’autres raisons. Donc déjà c’était problématique. Pareil pour ma sœur qui évoluait dans un sport dit masculin qu’est la boxe. Nous sommes sur des problématiques assez similaires.
« J’avais vraiment envie de pouvoir aborder cette thématique là et trouver un projet. »
Il fallait juste trouver comment le faire, sous quelle forme. Le podcast est apparu assez rapidement comme une évidence. Il y a 3 ans c’était vraiment l’essor des podcasts en France. C’est assez opportuniste aussi puisque finalement le podcast tu peux faire quelque chose d’assez qualitatif sans forcément mettre un investissement de départ important. Tu peux, avec plusieurs centaines d’euros, acheter un bon matériel. Avec quelques skills en digital et en graphisme tu peux également t’en sortir et faire quelque chose de super quali.
Cela m’a donc paru la bonne solution et l’opportunité la plus probante. C’est comme cela que je me suis lancée ! J’ai ensuite monté ce projet avec mon binôme qui s’appelle Valentin Cassuto et qui produit le podcast.
« On s’est lancé tous les deux et mon dieu comme je ne regrette pas ! Je suis tellement heureuse d’avoir lancé ce projet c’est extrêmement épanouissant ! »
FDS : Quelles ont été les étapes de la mise en œuvre de ce projet ?
Cléo Hénin: Initialement, la première étape pour moi a été de me libérer du temps. Et par libérer du temps cela voulait dire changer d’horizon professionnel. J’étais dans un métier qui était extrêmement énergivore. J’étais dans une agence à Paris qui me demandait énormément de temps. Je n’avais plus le temps de rien faire à côté, ce n’était pas compatible. La première étape a donc été de quitter mon travail et de me mettre sous une forme plus propice, c’est-à-dire auto-entrepreneure. Je suis partie du salariat et je me suis mise à mon compte en tant qu’ auto-entrepreneure / freelance. Étape décisive puisque sans cela je n’aurai rien pu faire !
Après cela s’est fait petit à petit. En septembre je me suis mise à mon compte. Pendant 2-3 mois on a réfléchi à une identité graphique, on a commencé à contacter des invités, savoir ce qu’on voulait dire, l’angle qu’on voulait prendre,.. On voulait définir notre business model mais en enlevant la partie financière puisqu’elle n’existait pas du tout au départ.
Ensuite, il fallait se lancer, commencer à enregistrer,… Pour moi c’était très nouveau puisque c’est une démarche journalistique et que je ne l’étais pas à la base, même si ça m’intéressait. Je n’avais pas non plus la crédibilité de me dire journaliste, donc forcément petit problème de légitimité aussi au départ ! Une fois que le premier épisode est sorti j’ai commencé à monter, à mixer, trouver un ton. Le premier épisode était avec Clémentine Sarlat, j’ai eu énormément de chance qu’elle me fasse confiance sur le premier épisode. Je ne la remercierai jamais assez ! Au niveau de la voix c’est quelque chose d’assez atypique aussi. Tu ne parles pas dans un micro comme tu parles dans la vie de tous les jours. Finalement cela a été des exercices qui se sont fait au fur et à mesure.
Fin décembre 2018 nous avons posté le premier épisode et puis après c’était parti ! Après, cela n’a pas été forcément facile puisque cela ne rémunère pas… Je devais quand même continuer de travailler à côté, trouver des missions, pour manger quand même !
Aujourd’hui il y a eu une grande évolution sur les 3 années. Particulièrement sur la dernière où tout s’est un peu accéléré.
« Et on en est là aujourd’hui en +3, pleins de belles choses, pleins de belles interviews qui sont misent en place,…je suis très contente ! «
FDS : As-tu toujours voulu te battre pour cette cause féminine ?
Cléo Hénin: Toujours ! Comme je te le disais tout à l’heure, c’est dans mon patrimoine familial. J’ai été élevée avec le sport, la pratique sportive et aussi le sport à la télé. Depuis toujours aussi loin que je me souvienne, tous les 4 ans pendant les J.O, nous étions 2 semaines devant la télé, on ne bougeait pas ! Depuis toujours, j’ai vu mes parents hurler devant la télé, être totalement à fond, passionnés ! C’est leur métier.
Donc le sport oui complètement, et d’autant plus le sport féminin. Je me suis rendu compte moi aussi, dans mes expériences professionnelles, que le sport féminin était souvent mis de côté. J’avais envie d’en parler, de le mettre en lumière, à sa juste valeur parce que c’est nécessaire.
« J’ai d’ailleurs aussi une espèce de schizophrénie lorsque j’aborde le sport féminin parce que tu ne devrais pas avoir à ajouter le mot « féminin » mais parler plutôt de sport tout court. C’est donc plutôt compliqué ! »
Quand on me pose cette question-là je réponds que oui c’est un podcast sur le sport féminin, mais c’est un podcast sur le sport finalement. Sur de belles histoires, des beaux parcours de sport,…Sauf qu’ils sont racontés par des femmes ! C’est pour cela que j’ai ajouté le terme « féminin », mais finalement c’est juste du sport.
La constatation est que c’est quand même toujours le sport qui est le moins mis en valeur, moins mis en avant, moins médiatisé, qui a une économie encore très fragile,…
« Je me suis alors dit que si à ma petite échelle je pouvais avoir une petite influence alors ça serait génial. »
Quand tu as envie de faire quelque chose, même si tu te dis que ça va être un grain de sable dans le désert et bien il faut le faire quand même. Parce que finalement, après des petits grains de sable, cela fait un petit monticule de sable et ça commence à être visible… Et c’est cela qui est important.
« Je me suis dit : fais-le, lance toi et si j’échoue, si je ne suis pas satisfaite, j’arrêterai et au moins je ne pourrai pas dire que je ne l’ai pas fait ! «
FDS : Comment vois-tu l’avenir de ce projet ?
Cléo Hénin: C’est une bonne question ! Cela fait 3 ans que nous sommes sur un projet assez similaire qui est le format interview. Nous avons fait aussi beaucoup de choses sur instagram (format vidéo = dada de mon binôme Valentin, donc on a essayé de développer un maximum cette face là).
On aimerait bien continuer à faire ce type de format, quelque chose de plus visuel, parce que le podcast c’est extraordinaire mais c’est limitant. Dans 2 semaines on lance déjà un nouveau format qui sera un format talk. On est plus sur de l’interview, cela sera avec plusieurs personnes. L’idée, plutôt que de se centrer sur le parcours d’une femme, sera de se focaliser sur des sujets de société, en lien avec le sport féminin. Déjà une petite évolution !
Après, continuer la vidéo. Depuis le début, j’ai toujours voulu concrétiser Championnes du monde physiquement. J’aimerai pouvoir faire des événements, inviter des gens, inviter la communauté de Championnes du monde à se rencontrer, à faire des activités,…J’y réfléchis, même si c’est compliqué avec le covid ! L’évènementiel n’est pas forcément la chose la plus évidente.
Et puis j’espère que ça va continuer à évoluer et qu’on aura de plus en plus d’auditeurs et auditrices !
FDS : Ton plus chouette souvenir lié à ton activité?
Cléo Hénin: Je vais te lancer une phrase des plus cucul mais : le podcast a changé ma vie, vraiment ! Dans le sens où… Cela m’a fait changer d’activité professionnelle.
Avant je bossais en agence, il y avait des choses positives aussi mais là je me suis vraiment rapproché profondément de ce que j’avais envie de faire. Et j’ai l’impression désormais de choisir ma vie plus concrètement et c’est extraordinaire.
Donc un bon souvenir non, tous les souvenirs mis bout à bout ont fait un changement radical dans ma vie. Et j’en suis tellement reconnaissante !
Toutes ces femmes qui ont bien voulu témoigner dans un de mes podcasts à chaque fois se sont des souvenirs incroyables. J’ai vécu des expériences juste extraordinaires, des choses improbables !
FDS : Où peut-on retrouver tes podcasts ?
Cléo Hénin: Les podcasts sont disponibles sur toutes les plateformes de streaming (spotify, deezer, apple podcast,…) Depuis le début de l’année, le podcast est diffusé sur Eurosport, on peut le retrouver sur leur site internet !
« Vous tapez Championnes du monde (au pluriel je précise !) et normalement vous trouverez le podcast facilement. »
FDS : Es-tu toi-même une grande sportive ? Quel est ton sport coup de cœur ?
Cléo Hénin: Oui ! Je fais du sport depuis que j’ai 3 ans ! J’ai testé plein de sports quand j’étais petite, et assez rapidement on s’est rendu compte que j’avais une appétence pour la gymnastique rythmique. J’ai fait 15 ans de gymnastique rythmique à très bon niveau, jusqu’à mes 22 ans. Et depuis j’ai arrêté (c’est un sport extrêmement traumatisant). Je continue à faire du sport, je fais de la course à pied, du tennis…
Et si je devais donner mon sport coup de cœur récent, sans aucun doute cela serait l’escalade !
« Grand coup de cœur pour l’escalade lorsque j’ai découvert cela il y a 2-3 ans, je trouve que c’est un sport extraordinaire, complet qui a de belles valeurs ! »
FDS : Un / des conseil(s) aux femmes qui voudraient elles aussi se lancer dans l’entreprenariat ?
Cléo Hénin: Je dirais qu’il faut se sentir prête à le faire. Souvent la première chose qui vient c’est « lancez-vous, n’ayez pas peur ». Oui certes, mais je pense qu’il faut le faire aussi quand toi tu es mûre parce que typiquement j’ai lancé le projet quand j’avais 27 ans. Et je sais que je n’aurais jamais pu le faire avant. Je n’avais pas assez confiance en moi. Quand j’ai lancé ce projet, j’étais prête à le faire, à assumer cela. J’avais la volonté et aussi la conviction au fond de mon âme que je voulais le faire, que je voulais en parler.
« Mon premier conseil serait : lancez-vous quand vous vous sentez prête à le faire et soyez aussi conscient de votre exposition sur les réseaux. «
Lorsque tu es convaincu de ce que tu fais, de ton projet, fonce ! Et si tu es seule, entoure toi des bonnes personnes qui peuvent t’aider. Sans Valentin je n’aurais pas lancé le podcast. N’hésites pas à demander de l’aide, à te faire accompagner…
« Quand on croit en ce qu’on fait, qu’on est passionné, c’est toujours positif. »
FDS: Le mot/mojo de la fin ?
Cléo Hénin: « Je vais m’adresser particulièrement aux femmes : si on a envie de faire quelque chose,
faisons-le ! »
Depuis toute petite j’ai toujours voulu devenir journaliste sportive et on m’a toujours dit : non ne fais pas ça, tu ne trouveras pas de travail. J’avais également compris qu’en étant une fille cela allait être compliqué.
Il faut faire fi de tout ce que les gens disent. Lorsque tu es profondément convaincu de faire quelque chose, que tu en as envie, que tu le ressens au fond de toi… Donnes toi les moyens de le faire et tu ne le regretteras jamais !
Dans ma vie cette aventure a provoqué des changements radicaux. Et pour rien au monde je ne reviendrai en arrière. C’est tellement épanouissant quand on est heureux dans ce qu’on fait, cela se voit. Et je pense que les choses positives en découlent aussi !
Merci Cléo de nous avoir partagé cette belle aventure, nous te souhaitons que du positif pour la suite ! ☺️
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